Poutine et Loukachenko ont visité l'ermitage Smolensky à Valaam

Vladimir Poutine et Alexandre Loukachenko ont visité l’ermitage Smolensky du monastère de Valaam. Une brève conversation entre les deux dirigeants a ensuite eu lieu, à l'issue de laquelle V. Poutine et A. Loukachenko ont répondu aux questions des représentants des médias.

Le 1er août 2025, 15h00, à Valaam en Russie:

[…]

V. Poutine : En ce jour où nous nous souvenons de tous les soldats qui ont donné leur vie pour la patrie, c'est une date mémorable pour nous, c'est devenu une tradition (x). Nous nous rencontrons régulièrement ici. Et, bien sûr, nous aurons l'occasion ensuite, comme convenu, de discuter de nos affaires courantes.

[…]

Question : Vladimir Vladimirovitch, nous aimerions vous interroger sur le troisième cycle de négociations qui s'est tenu à Istanbul – vous ne l'avez pas commenté. Nous aimerions savoir si Kiev a répondu à la proposition, faite à Istanbul, concernant la création de trois groupes qui pourraient travailler en ligne. Comment évaluez-vous globalement le déroulement des négociations et leurs perspectives ? Et encore une chose. Récemment, il y a quelques jours à peine, [Volodymyr] Zelensky a même déclaré qu'il était inutile de négocier avec la Russie pour le moment et qu'il fallait y attendre un changement de régime.

V.Poutine : En principe, on peut attendre si les dirigeants ukrainiens estiment que ce n'est pas le moment et qu'il faut attendre. Nous sommes prêts à attendre. C'est la première chose.

Deuxièmement, notre régime politique est fondé sur la Constitution de la Fédération de Russie et le pouvoir est formé en stricte conformité avec la loi fondamentale de l'État, ce qui n'est pas le cas en Ukraine. Je ne veux pas entrer dans les détails pour l'instant, mais le pouvoir actuel n'est pas fondé sur la Constitution ukrainienne, la Constitution étant clairement violée, mais je ne veux pas entrer dans ces détails…

En ce qui concerne les négociations, elles sont toujours nécessaires et importantes, surtout lorsqu'il s'agit d'aspirer à la paix. Je les évalue globalement de manière positive. Comment ne pas évaluer positivement le fait que des centaines de personnes soient rentrées chez elles ? C'est positif. Pour des raisons humanitaires, comme vous le savez, nous avons remis les corps de milliers de soldats ukrainiens morts et avons reçu en échange plusieurs dizaines de nos camarades qui ont donné leur vie pour leur patrie. N'est-ce pas positif ? Bien sûr que c'est positif.

Quant aux déceptions de qui que ce soit, elles sont toutes le fruit d'attentes excessives. C'est une règle générale bien connue mais, pour parvenir à une solution pacifique, il faut mener des discussions approfondies, non pas en public, mais dans le calme, dans le cadre d'un processus de négociation. C'est précisément pour cela que nous avons proposé de créer les trois groupes que vous avez mentionnés. Dans l'ensemble, la réaction de la partie ukrainienne a été positive. Il a été convenu que nous pouvions mener ces négociations sans caméras, sans bruit politique, dans le calme, et rechercher des compromis. Elles n'ont pas encore commencé. Ce travail n'a pas encore démarré, mais dans l'ensemble, je le répète, la première réaction, nous a semblé positive de la part de la partie ukrainienne. Nous espérons donc que ce processus sera lancé.

Question : Une question supplémentaire : les conditions du cessez-le-feu à long terme, que vous avez énoncées il y a un an, sont-elles toujours d’actualité?

V. Poutine : Oui, ces conditions sont bien sûr restées les mêmes. Il ne s'agit même pas de conditions, mais d'objectifs, j'ai formulé les objectifs de la Russie. Jusqu'à présent, on nous disait qu'on ne comprenait pas ce que voulait la Russie. Nous les avons formulés en juin dernier lors d'une réunion avec les dirigeants du ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie (xx). Tout y est clair, mais l'essentiel est d'éradiquer les causes qui ont engendré cette crise, c'est le plus important.

Et puis, bien sûr, les questions humanitaires, les questions de sécurité au sens large, les questions de sécurité de la Russie, mais aussi de l'Ukraine. D'ailleurs, la délégation ukrainienne a émis l'idée qu'il serait probablement judicieux de parler de la sécurité de la Russie et de l'Ukraine dans le contexte de la sécurité européenne. C'est l'un des dirigeants de la délégation ukrainienne qui a fait cette remarque. Dans l'ensemble, nous pensons que c'est juste, nous partageons cet avis.

Et la question humanitaire, c'est [aussi] la langue russe, c'est l'indépendance et des conditions dignes pour le développement de l'Église orthodoxe et de l'Église chrétienne en Ukraine. Tout cela doit être discuté dans son ensemble et doit servir de base à une paix durable, à long terme, sans aucune restriction temporelle.

Question : Alexandre Grigorievitch, Vladimir Vladimirovitch, je ne peux m'empêcher de poser une question brûlante : l'Occident impose des sanctions constantes, l'Union européenne adopte littéralement des paquets de mesures les uns après les autres – nous en avons déjà dénombré 18. Dans ce contexte, comment la stratégie de l'État union va-t-elle évoluer, comment allons-nous réagir et modifier notre stratégie anti-sanctions ?

[…]

A. Loukachenko: Je soutiens totalement ce qui a été demandé à Vladimir Vladimirovitch au sujet des négociations et de sa position dans ce cas précis. C'est tout à fait juste. Le Président dit que la guerre est la guerre, mais que les négociations se poursuivent toujours. Les Américains ont fait la guerre au Vietnam pour des terres lointaines et ont mené des négociations dès le premier jour du conflit. L'erreur des Ukrainiens, d'après ce que j'observe, est qu'ils exigent l'impossible. Ce qu'ils disent et ce que propose la Russie – le président vient de le dire – se décide à la table des négociations. Il peut y avoir des compromis, des concessions, des revirements, des changements de cap. Mais comme ça, à brûle-pourpoint, c'est, vous l'avez bien dit, pour le public. Cela revient à dire que nous parlons beaucoup, mais que nous ne voulons rien faire.

J'ai moi-même déclaré publiquement, tout comme notre ami commun, pour lequel nous avons tant tremblé, Donald Trump. Je me souviens de nos inquiétudes pour qu'il gagne, etc. Il y a eu 50, 60, 10 jours. Ce n'est pas ainsi que l'on fait de la politique. S'il veut la paix, il doit s'y prendre avec prudence, de manière approfondie. Il s'agit d'un conflit militaire et on ne peut pas pointer du doigt, surtout pas une puissance nucléaire. Écoutez, c'est tout simplement ridicule.

Vous savez, j'ai récemment rencontré des Américains. Je leur ai dit ouvertement – ce sont des amis proches – dites au président qu'il faut agir avec prudence. Et qu'il est possible de trouver un accord.

Aujourd'hui, c'est à nouveau le cessez-le-feu. Je dis que la Russie y a intérêt, le président Poutine aussi, mais [c’est vous qui ] ne le voulez pas. Dites à Zelensky d'accepter, pour qu'il n'y ait plus ces engins volants qui tombent sur la tête des gens. La dernière fois. Vous savez, il y a eu un cas où 59 kg d'explosifs remplis de billes et autres ont été trouvés en Biélorussie. Bon, ça n'a pas explosé, mais ça a touché un immeuble de dix étages où vivaient des gens ordinaires, des gens simples. C'est une escalade dangereuse. Nous devons arrêter, et nous devons le faire avec prudence.

Vladimir Vladimirovitch sait ce que les Russes négocient à Istanbul avec les Ukrainiens, il m'a appelé, vous vous en souvenez, pour me remercier. La suite se passe en Biélorussie, nous faisons tout : entre autres des échanges à la frontière. Les Ukrainiens ont ouvert la frontière, la zone qu'ils contrôlaient, et le trafic ferroviaire y a été rétabli. Il y a donc des progrès.

On a beaucoup parlé des enfants. Les Russes disent : « Venez voir, des négociations sont en cours entre les commissaires aux droits de l'homme de Russie et d'Ukraine, des négociations sont en cours au sujet des enfants. Qu'est-ce que la Russie a fait de mal ? Il y a une guerre, les enfants sont restés sans abri, on les a nourris, habillés. Non, on les a accusés de cela (les Russes). Pourquoi ? S'il vous plaît, mettons-nous d'accord. Et l'échange a lieu.

V. Poutine : Il s'est avéré qu'il n'y avait pas autant d'enfants…

A. Loukachenko : Il n'y en a pas autant, bien sûr. Trois ou quatre enfants ont été échangés, dont les parents avaient perdu la trace. Je vous en prie…

V. Poutine : Lorsque nous avons dit, au cours du processus de négociation à Istanbul : « S'il vous plaît, donnez-nous les listes. » Il n'y a rien eu...

A. Loukachenko : Il n'y a pas de listes. C'est pourquoi il y a une montée de la tension publique, ce qui n'est pas bon. Il faut simplement s'asseoir à la table des négociations et trouver un accord, quelles que soient les positions.

V. Poutine : Et les négociations d'ailleurs ont commencé, précisément en Biélorussie.

A. Loukachenko : Oui, trois cycles ont eu lieu. Si cela ne vous plaît pas en Biélorussie, très bien, et nous en avons discuté avec Vladimir Vladimirovitch, nous pouvons aller sur la Lune, où vous voulez. Mais il faut s'asseoir à la table des négociations et discuter, au lieu de se jeter des pierres.

« Je veux rencontrer Poutine ! » – pourquoi crier cela ? Préparez le terrain, la déclaration et tout le reste, j'en ai parlé aux Américains, préparez tout, puis asseyez-vous et signez. Appelez Trump, Macron, qui vous voulez, Starmer, mais il faut préparer le terrain. Ils ne comprennent pas ? Si, ils comprennent. Mais s'ils déclarent cela, c'est qu'ils ne veulent pas, ils jouent simplement pour le public.

Question : Si vous me le permettez, encore une question. Vous avez dit qu'il y avait toujours un vaste programme entre nos pays et que vous alliez en discuter. Allez-vous discuter des questions de sécurité ? En particulier, y a-t-il déjà plus de clarté sur « Orechnik » ? Les deux parties ont confirmé qu'« Orechnik » resterait en Biélorussie, mais y a-t-il déjà des détails concrets ?

A. Loukachenko : Concrètement, les militaires, qui sont des gens concrets et pressés, voulaient que ce « Orechnik » (xxx) – je parle ici de la position biélorusse – soit installé quelque part dans le courant de l'année prochaine. Vladimir Vladimirovitch a dit à juste titre : cette année, nous devons essentiellement achever ces processus – construction, création, etc. Nous ne renonçons pas à cela pour l'instant.

V. Poutine : Non [nous ne renonçons pas]. La première chose que je voudrais dire à ce sujet: nous avons produit le premier complexe « Orechnik » en série, le premier missile de série, et il a été livré à l'armée. La production en série est désormais lancée. Premièrement.

Deuxièmement, nos spécialistes, tant biélorusses que russes, ont choisi l'emplacement des futures positions et les travaux de préparation de ces positions sont en cours. Nous devrions donc très probablement régler cette question d'ici la fin de l'année.

A. Loukachenko : Ne nous précipitons pas, nous avançons calmement, il n'y a pas lieu de courir pour être les premiers. Dès que tout sera prêt, et pas seulement les positions... Comme vous l'avez dit, construire, c'est facile. Il faut des équipements militaires, des charges et des missiles, et cela coûte cher.

V. Poutine : Et de la défendre, cette position.

A. Loukachenko : Et la défendre, il faut la défendre, bien sûr.

V. Poutine : Tout se passe comme prévu.

A. Loukachenko : Ne vous inquiétez pas pour la sécurité.

Question : Vladimir Vladimirovitch, comment évaluez-vous actuellement la situation de l’opération militaire spéciale et sa dynamique en général ?

V. Poutine : Hier, comme d'habitude, j'ai discuté plusieurs fois de ces questions avec le ministre de la Défense [Andreï Belousov] et le chef de l'état-major général [Valery Gerasimov], et je savais que nous allions nous adresser à la presse, donc je leur ai posé la question moi-même.

Je leur ai dit : « Comment répondre à une telle question : quelle est la situation dans la zone d'opération spéciale ? ». La réponse est celle qui suit [je leur ai demandé] : « Répondez honnêtement, s'il vous plaît ». Ils vont maintenant voir cela et s'en souvenir.

Et qu'est-ce que l'honnêteté aujourd'hui ? Cela signifie que nos troupes avancent sur toute la ligne de contact, partout : dans la zone frontalière, dans la République populaire de Donetsk, dans la République populaire de Lougansk, à Zaporijia, à Kherson, partout, sur tous les fronts, parfois plus, parfois moins, mais avec une activité positive. Grâce, bien sûr, au courage et à l'héroïsme de nos soldats.

Nous nous trouvons actuellement dans un lieu particulier, où une église a été construite à la mémoire de tous nos soldats tombés au combat pour la patrie, mais nous parlons aujourd'hui des forces armées spéciales. La dynamique positive actuelle sur le front est bien sûr liée à l'héroïsme de nos soldats qui avancent aujourd'hui, mais nous le devons aussi à nos soldats qui sont restés sur le champ de bataille et ont donné leur vie pour la patrie.

Car ce sont eux qui ont créé les conditions pour que les gens d'aujourd'hui, qui sont aujourd'hui dans les rangs, puissent aller de l'avant, aient cette possibilité. C'est un mérite commun. En ce sens, aucune de nos pertes n'est vaine.

C'est le bilan global, mais la dynamique est claire. Tout récemment, vous avez entendu dire qu'une nouvelle localité, Chasov Yar, avait été prise. Il s'agit d'une localité assez importante. Nous avons déjà entendu dire que cela ne correspondait pas à la réalité. Je peux vous dire et vous assurer que cela correspond tout à fait à la réalité. De plus, le ministère de la Défense a annoncé, si je ne me trompe pas hier seulement, que Chasov Yar avait en fait été prise il y a plusieurs jours.

[En fait] ils procédaient à ce qu'on appelle un nettoyage. Il y a probablement des tentatives de contre-attaque. Mais en outre, le fait que de telles déclarations soient faites, selon lesquelles il s'agirait d'informations erronées de notre part, montre que les plus hautes instances politiques ukrainiennes ne sont pas très bien informées de l'évolution de la situation. Mais c'est leur problème.

Mais dans l'ensemble, je le répète, la dynamique est positive. Rappelez-vous, il y a peu de temps encore, tous nos ennemis et nos détracteurs parlaient de la nécessité d'infliger une défaite stratégique à la Russie sur le champ de bataille, alors qu'aujourd'hui, ils n'ont plus qu'une seule passion, mais une passion ardente : arrêter notre offensive à tout prix, soit par des promesses d'une vie meilleure, soit par des menaces, soit par le réarmement et le renforcement des forces armées ukrainiennes. L'arrêter, puis s'occuper de ces questions de réapprovisionnement et de réarmement.

Je le répète : nous avons besoin d'une paix durable et solide, fondée sur des bases solides qui satisfassent à la fois la Russie et l'Ukraine et garantissent la sécurité des deux pays. Et les négociateurs ukrainiens qui ont, avec beaucoup de tact mais tout de même, avancé l'idée qu'il faudrait peut-être parler de la sécurité européenne dans son ensemble ont sans doute raison.

Question : Si Minsk et Moscou expriment de plus en plus souvent une idéologie pacifique et une volonté de régler toutes les difficultés, nous n'entendons de la part de l'Occident que des diktats et des ultimatums. Même l'UE et les États-Unis qualifient le dernier accord de honte pour l'UE. Où cette dictature, ces ultimatums, ces guerres commerciales, cette dictature des droits de douane peuvent-ils mener l'économie mondiale ? Et qu'est-ce que cela nous apporte ?

A. Loukachenko : Récemment, les dirigeants russes ont déclaré, à juste titre, que la poursuite de cette politique, bien qu'elle soit déjà mise en œuvre, conduirait à la désindustrialisation de l'Europe, même si celle-ci a déjà eu lieu chez eux.

V. Poutine : C'est en cours.

A. Loukachenko : Et ce processus se poursuit. Ils détruiront l'Europe, l'Union Européenne. On a dit que les Américains avaient aussi pour objectif d'affaiblir ce centre de pouvoir. Après tout, l'Union Européenne n'était pas une organisation faible. C'est ce qui va se passer.

Ils n'auraient pas dû se battre contre nous, je l'ai déjà dit à plusieurs reprises, mais plutôt s'unir avec nous. L'Union Européenne et la Russie, voilà une puissance qui, si elles s'unissaient... Bien sûr, les Américains ne le permettront jamais, c'est terrifiant pour eux, c'est pire que la Chine. Si ces deux puissances s'unissaient, ce serait une force redoutable. Mais ils ne le comprennent pas. Et ils n'ont probablement pas besoin de le comprendre.

Je regarde ces dirigeants – je ne veux pas les caractériser devant Vladimir Vladimirovitch. Certains s'en vont déjà, on les appelle les canards boiteux, d'autres viennent de passer sous la barre des 20% dans les sondages. Le peuple n'aime pas cette politique. Et pourquoi les peuples européens ne l'aiment-ils pas ? La raison principale est leur position vis-à-vis de l'Ukraine. Ils s'appauvrissent eux-mêmes, tandis que des milliards, voire des billions, sont dépensés pour l'armement et l'aide à l'Ukraine. Je ne sais pas, c'est probablement mal.

V. Poutine : Vous savez, il y a encore peu de temps, les politologues et les soi-disant cercles politiques en général disaient que l'Union européenne était un géant économique, mais un nain politique. Ce ne sont pas mes mots, je ne veux offenser personne – c'est ce que nous avons lu dans les sources occidentales ? Mais, comme je l'ai toujours dit, dans le monde moderne, cela a toujours été important, et aujourd'hui plus que jamais, la souveraineté joue, on peut le dire, un rôle clé, y compris pour le développement économique.

Il était clair que l'Union Européenne, l'Europe, n'avait pas beaucoup de souveraineté. Aujourd'hui, il est évident qu'elle n'en a pas du tout. Et dans la situation critique qui s'est créée, elle s'accompagne immédiatement de pertes économiques, et la perte de souveraineté politique conduit actuellement à la perte de la souveraineté économique et à des pertes colossales.

C'est pourquoi, comme je l'ai toujours dit, l'une des tâches essentielles, y compris celle des forces armées, est de renforcer la souveraineté de la Russie.

[…]

Question : J'aimerais tout de même avoir des précisions sur le processus de négociation concernant l'Ukraine. Il est difficile et lent. À ce sujet, Alexandre Grigorievitch en a déjà parlé en partie, mais néanmoins : la Biélorussie est-elle prête à apporter une aide quelconque et est-ce nécessaire à la Russie actuellement ?

 […]

A. Loukachenko : Mais Chasov Yar, c'est la route vers Kramatorsk, pratiquement le centre de l'Ukraine orientale. Et ensuite ? Pourquoi je dis ça ? L'Ukraine doit aujourd'hui demander à Vladimir Vladimirovitch : « Asseyons-nous à la table des négociations, mettons-nous d'accord ». Sinon, dans un mois, un mois et demi, deux mois, je ne sais pas, il ne restera même plus de fortifications. Les Russes vont tranquillement tout reprendre, s'emparer de tout et continuer à avancer pour tout reconquérir.

V. Poutine :  [Non, pas ] « les reprendront » . C'est à nous.

A. Loukachenko : Ils le reprendront. C'est pourquoi il faut négocier. S'ils veulent quelque chose, ils doivent s'empresser de l'obtenir. Car hier, nous avons rassemblé toutes les informations sur le front et les avons coordonnées avec vos militaires. Nos informations concordent parfaitement sur tous les points, même dans la région de Soumy, où vous souhaitez créer une zone tampon. L'offensive se poursuit partout. Pas rapidement, mais lentement. Pourquoi lentement ? Je l'ai demandé à Vladimir Vladimirovitch. Il m'a répondu : « J'ai pitié des gens ».

C'est vrai : lentement, mais sûrement. Et il n'y a pas autant de morts que pendant la Grande Guerre, où des centaines de milliers de personnes ont été envoyées au combat et ont péri. En Pologne seule, 600.000 de nos compatriotes, des Soviétiques, ont péri. Il n'y a pas de guerre de ce genre en Ukraine – tout est calme, tranquille. Mais cela donne aux Ukrainiens la possibilité de dire : « Écoutez, asseyons-nous, discutons ». Mais ils ne le veulent pas.

V. Poutine : En ce qui concerne la participation de l'Ukraine au processus de négociation, nous sommes très reconnaissants à Alexandre Grigorievitch, et à la Biélorussie en général, pour le soutien et l'aide que nous apportent la Biélorussie et le président biélorusse.

Nous sommes en contact permanent. J'informe régulièrement Alexandre Grigorievitch des résultats de ce processus de négociation. Et tous les échanges ont lieu sur le territoire biélorusse. Le processus de négociation a commencé en 2022, puis s'est déplacé à Istanbul, où nous le poursuivons.

Mais nous connaissons la position d'Alexandre Grigorievitch, de l'ensemble des dirigeants biélorusses et du peuple biélorusse, qui aspire à ce que la paix revienne rapidement entre nos deux pays, entre la Russie et l'Ukraine. Alexandre Grigorievitch y participe directement et très activement. Merci.

[…]

Annotations

 (x)  Le 1er août est le jour du souvenir des victimes de la Première Guerre mondiale. Le 1er août 1914, l'Allemagne déclare la guerre à la Russie.

(xx) Intervention de V. Poutine en russe :http://www.kremlin.ru/events/president/transcripts/74285

(xxx) Le missile russe ORECHNIK (9M729-Orechnik) est un missile balistique à portée intermédiaire (IRBM) récemment introduit dans l’arsenal russe. Type : Missile balistique à portée intermédiaire (IRBM), Portée : Environ 5 000 km, Vitesse : Supérieure à Mach 10 (environ 12 300 km/h), Charge utile : Jusqu’à 6 têtes nucléaires ou conventionnelles, Capacité MIRV (Multiple Independently targetable Reentry Vehicles), Origine : Dérivé du missile RS-26 Rubezh. Déploiement : depuis 2024. A été utilisé pour la première fois le 21 novembre 2024 lors d’une frappe sur Dniepropetrovsk.

 Pour  une version complète en russe voir : http://kremlin.ru/events/president/news/77637

Lire aussi: https://www.sdbrnews.com/sdbr-news-blog-fr/rencontre-historique-en-alaska-15-aout-2025

Traduction réalisée par Gaël-Georges MOULLEC, Docteur-HDR en histoire contemporaine. Chercheur associé au CRESAT, Université de Haute-Alsace, Mulhouse.

Les annotations ont été portées sur le texte original par Gaël-Georges MOULLEC.