EURONAVAL 2022 : un salon régional

Du fait de l’interruption pendant la crise sanitaire, nous avions oublié à quel point le salon Euronaval était petit et ne risquait pas faire de l’ombre aux grands salons internationaux de la discipline. Remplissant péniblement le Hall 2 du parc des Expositions du Bourget, on en retient surtout l’organisation minimaliste, la signalétique déplorable de ses abords, l’indigence de ses sanitaires et le prix exorbitant du parking (qui est au loin d’être « au contact »). Bien que le marketing du salon Euronaval annonce des délégations étrangères nombreuses, je n’ai pas croisé beaucoup d’uniformes étrangers dans les allées. Rien de comparable à DSEI (Londres), à Eurosatory ou au SIAE (Salon de l’Aéronautique et de l’Espace) qui se déploie dans ce même parc du Bourget tous les deux ans.

Un sponsor omniprésent sur le salon Euronaval

Cette année, le principal sponsor du salon était CMN Naval qui présentait un magnifique et énorme stand. CMN Naval c’est en fait le groupe « Abu Dhabi Mar »,  constitué en 2007 par Iskandar Safa et qui possède maintenant :

-          ADMShipyards, Abu Dhabi, UAE. (100%)

-          Nobiskrug, Rendsburg, Germany. (90%)

-          Constructions Mécaniques de Normandie, Cherbourg, France. (100%)

-          ADM Kiel, Kiel, Germany ( Only the civilian shipbuilding assets of HDW Gaarden included in ADM Kiel)

-          Hellenic Shipyards SA (HSY), Skaramangas, Greece. (75% ) - qui lui vaut des démêlés juridiques avec la Grèce - les 25% sont détenus par l’allemand ThyssenKrupp Marine Systems…

Juste un détail, si les Constructions Mécaniques de Normandie peuvent continuer à faire des dessins de jolis bateaux, comme la corvette polyvalente Seagard 96 présentée sur Euronaval, les commandes éventuelles seront fabriquées dans les chantiers allemands « German Naval Yards » qui étaient aussi présents sur le stand CMN Naval (cherchez l’erreur…). De là à parler d’un sponsor allemand…

L’avenir d’Euronaval

D’ici à ce que l’on voit bientôt l’Allemagne, qui se découvre une nouvelle ambition de Défense avec des budgets militaires en explosion, décider de doper un de ses salons existants pour en faire un salon mondial des quatre Armes, Air – Terre – Mer – Cyber - et drainer tous leurs amis membres de l’OTAN,  il n’y a qu’un pas…

Il faudra donc bien qu’un jour des gens sérieux expliquent aux organisateurs, Gican et Sogena, qu’Euronaval n’aura pas d’avenir sans grossir pour atteindre une taille et une organisation qui donnent envie de venir.

Deux possibilités :

  1. Se marier à Eurosatory et faire comme DSEI, avec le terrestre, l’aéroterrestre, la mer et le cyber. En matière de Défense ce rapprochement ferait sens.

  2. Prendre l’option du Salon de l’Aéronautique du Bourget et intégrer les activités de constructions maritimes civiles, les activités nautiques et les métiers de la Mer, pour faire un vrai Salon de la Mer. Dans ce cas, il faut se marier avec un des existants et aller dans un port français pour enfin voir des vrais bateaux.

Nota : Pour ceux qui m’expliquaient il y a 6 ans qu’un salon international devait forcément se dérouler à Paris, je repose la question : vous pensez toujours que les touristes étrangers sont heureux en région parisienne ?

Le Pavillon Grec

La présence pour la première fois d’un pavillon hellénique, avec une quinzaine d’exposants grecs. Cette présence illustre l’importance des liens entre les industries navales de Grèce et de France autour des projets majeurs de souveraineté souhaités par les deux gouvernements et ce fut l’occasion de réaffirmer la vision commune des deux pays pour la sécurisation des espaces maritimes. Il faut s’en féliciter*

Naval Group et la Grèce

Le 18 octobre 2022, Naval Group a signé plusieurs contrats avec des entreprises grecques. Ces contrats renforcent davantage la relation entre Naval Group et ses partenaires grecs et démontrent l'engagement du groupe à développer et structurer une coopération industrielle forte avec l'industrie grecque, dans le cadre du programme FDI HN.

Des parties importantes de la FDI, les blocs de coque, seront produites en Grèce par SALAMIS SHIPYARDS. Naval Group a également signé 3 accords-cadres avec MILTECH, PRISMA et IDE INTRACOM, ouvrant la voie à de futurs contrats et partenariats à long terme.

Jusqu'à présent, Naval Group a signé une vingtaine de contrats au total avec quinze entreprises grecques depuis le début du programme FDI HN en mars 2022.

On peut lire l’interview d’Alain Guillou faite en juillet 2021 sur le sujet: https://www.sdbrnews.com/sdbr-news-blog-fr/itw-alain-guillou-de-naval-group?rq=alain%20guillou

MBDA et la Grèce

Beaucoup de monde sur le joli stand MBDA…

MBDA et MILTECH ont signé, à l’occasion du salon EURONAVAL 2022, un contrat de R&D dans le domaine de la furtivité des matériaux pour des applications militaires, en collaboration avec l’Université de Patras. Ce contrat s’inscrit pleinement dans le programme de coopération associé aux Frégates de Défense et d’Intervention grecques (FDI HN), et plus largement dans l’effort européen de construction d’une base industrielle de défense indépendante.

Le contrat a été signé le 18 octobre par Eric Béranger, CEO de MBDA, et Dimtrios Dimitriou, Naval and EU Projects Manager de Miltech, en présence de M. Nikos Chardalias, vice-Ministre grec de la Défense et de l’Amiral Alexopoulos, Directeur général du GDDIA (General Directorate For Defense Investments And Armaments).

Le projet a pour objectif de développer de nouveaux matériaux furtifs dans la bande spectrale infra-rouge pour des applications militaires. Ce projet novateur porte sur l’utilisation de nouveaux matériaux nano-composites photoniques et des structures méta-matérielles nanophoniques infrarouges dans ce domaine spécifique d’application.

Le soutien indéfectible qu’apporte MBDA depuis 25 ans à l’armée de Terre, à la Marine grecque et aux Forces aériennes grecques lui a permis d’établir de nombreuses collaborations avec des entreprises du secteur de la défense en Grèce et d’identifier des compétences particulières dans divers domaines de hautes technologies. Sur cette base, MBDA est ainsi entré dans des négociations avancées avec les entreprises INTRACOM, AKMON, ELFON, TEMMA, DASYC, SSA, HAI et MEVACO afin de mettre en place des projets de coopération industrielle, incluant des transferts de compétences et ce, au profit des forces armées grecques.

EXAIL - Chasseur de mines

Naissance d’EXAIL

A l’occasion du salon Euronaval, ECA Group, l’un des leaders mondiaux dans le domaine de la robotique et de l’aéronautique, et iXblue, reconnu mondialement pour ses solutions de haute technologie dans les domaines de la mer, de la photonique et de l’autonomie, ont dévoilé le nom de leur nouvelle marque commune suite à leur récent rapprochement : Exail.

Filiales du groupe Gorgé, le rapprochement d’ECA Group et d’iXblue a pour ambition de renforcer la souveraineté de la France grâce à la maîtrise de technologies de pointe dans les domaines de la robotique, du maritime, de la navigation, de l'aéronautique, du spatial et de la photonique. Le tout, grâce à une maîtrise complète de l’ensemble de la chaine de valeur, depuis les composants optiques jusqu’aux systèmes complets de drones.

Employant plus de 1 500 personnes sur 21 sites en France, Exail participe au maillage de la base industrielle et technologique française et a à cœur de favoriser l’équilibre des territoires et de développer la croissance française. www.exail.com

Une pépite française : SEABER

J’ai rencontré la seule société au monde qui ne fabrique que des microdrones sous-marins autonomes (AUV) : SEABER, petite société Lorientaise qui a l’ambition de devenir leader mondial des micros AUV programmables et récupérables.

A l’occasion du salon Euronaval, SEABER a annoncé la sortie de son nouveau micro-AUV RECALL® pour les applications militaires d’entrainement à la lutte anti sous-marine (ASM). Vidéo : https://youtu.be/GnFD9w3AOGw

Seaber - Recall

Au cœur de la guerre navale, la lutte anti-sous-marine exige un personnel constamment entrainé et bien coordonné au sein des Marines. Pour leur permettre de se concentrer sur leur mission, leur faciliter la logistique et diminuer les coûts, tout en respectant une doctrine bien établie de l’entraînement et des opérations militaires, SEABER présente RECALL® le nouveau-né de la famille des micro-AUVs. Il est conçu comme une cible d’entrainement capable de reproduire avec réalisme les bruits et le mouvement des sous-marins intégrant différents modes de formation tels que l'acoustique passive, active et combinée.   Il est compatible avec les sonars et les torpilles modernes.

Il navigue à 12 nœuds et plonge jusqu’à 300 mètres de profondeur. Mesurant seulement 90 cm de long, 12 cm de diamètre et 10 kg seulement RECALL®, affiche une basse empreinte logistique permettant d’être déployé facilement en 10 minutes par tout opérateur depuis les bâtiments de surface et des hélicoptères. Une attention particulière a été portée à la robustesse du système complet mais aussi à la facilité d’utilisation par les non-experts de la robotique, notamment grâce au design de l’interface homme-machine intuitif et ergonomique, ce qui rend le tout facile à programmer pour les missions les plus complexes dans les environnements hostiles.

Toute la gamme de microdrones sous-marins est à voir sur : www.seaber.fr  

 Alain Establier

*On peut se reporter à l’article sur le salon DEFEA d’Athènes : https://www.sdbrnews.com/sdbr-news-blog-fr/le-14-juillet-2021-defea-athnes?rq=defea

Crédits photos: eXail - Seaber - Naval Group