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Discours de Vladimir Poutine, Pdt de la Fédération de Russie, 29 février 2024

Dr. HDR. Gaël-Georges Moullec: « À un moment où les Européens semblent se perdre dans des déclarations contradictoires sur la nature de l’aide à apporter aux Ukrainiens ; où les États-Unis s’interrogent aussi alors que la campagne électorale débute, il est nécessaire de s’intéresser aux positions présentées par la Russie afin de les intégrer dans le processus décisionnaire qui devra rapidement être mis en œuvre face à l’aggravation de la crise ukrainienne.

Actuellement certaines des personnalités les plus impliquées dans la perte de souveraineté de la France et de l’Europe s’engagent sur la voie de l’intransigeance péremptoire vis-à-vis de la Russie. Un tel revirement ne peut s’expliquer que comme une tentative de masquer leurs fautes par une fuite en avant d’autant plus dangereuse qu’elle s’appuie sur une suite de prise de positions irréalistes et, pire, hors sol par rapport à la possible réaction russe. Certains, en Europe, tentent de dissimuler leurs anciennes fautes par des positions extrêmes dans le conflit actuel, alors que les autorités russes, et une grande partie de la population, sont – elles - convaincues de leur bon droit.

Le jeu pourrait être amusant, s’il n’était pas mortel !

Le discours prononcé par le président russe le 29 févier 2024 devant les deux chambres législatives du pays traite des principales questions internationales et revient sur les valeurs portées par son pays. Ce discours contient aussi des propositions pratiques qui, en fait, constituent le programme électoral de Vladimir Poutine à deux semaines des élections présidentielles.

Cette traduction, basée sur la transcription officielle du discours (http://kremlin.ru/events/president/news/73585 ) porte principalement sur les deux premiers points. »

Dr. HDR. Gaël-Georges Moullec 

Extraits du discours de Vladimir Poutine, président de la Fédération de Russie devant l'Assemblée fédérale, 29 février 2024, Moscou, Gostiny Dvor.

Vladimir Poutine : « Chers Sénateurs ! Députés de la Douma d'État ! Chers citoyens de Russie !

Chaque discours devant l'Assemblée fédérale est avant tout un regard sur l'avenir. Aujourd'hui, nous parlerons non seulement de nos projets immédiats, mais aussi de nos objectifs stratégiques, des questions qui, à mon avis, sont d'une importance fondamentale pour le développement confiant et à long terme de notre pays. » [Le président revient sur les consultations qui ont permis de mettre au point ce programme…]

« Les propositions des citoyens, leurs aspirations et leurs espoirs sont devenus la base, le cœur des projets et des initiatives qui seront exprimés aujourd'hui. Je m'attends à ce que le débat public se poursuive, car ce n'est qu'ensemble que nous pourrons réaliser tout ce que nous avons planifié. Les tâches sont considérables.

Vous et moi avons déjà prouvé que nous sommes capables de résoudre les tâches les plus difficiles et de relever les défis les plus complexes. Ainsi, nous avons repoussé l'agression du terrorisme international, préservé l'unité du pays et empêché, à certaines périodes, qu'il ne soit déchiré.

Nous avons soutenu nos frères et sœurs, leur volonté d'être avec la Russie, et cette année marque le dixième anniversaire du légendaire "printemps russe". Mais aujourd'hui encore, l'énergie, la sincérité et le courage de ses héros - Criméens, habitants de Sébastopol, habitants du Donbass rebelle - leur amour pour leur Patrie, qu'ils ont transmis de génération en génération, suscitent indubitablement la fierté. Tout cela nous inspire et renforce notre confiance dans le fait que nous allons tout surmonter, que nous pouvons tout faire ensemble.

C'est ainsi qu’avec le monde entier, nous avons non seulement fait reculer récemment la menace mortelle d'une épidémie mondiale, mais aussi montré que des valeurs, telles que la miséricorde, le soutien mutuel et la solidarité, prévalaient dans notre société.

Et aujourd'hui, alors que notre Patrie défend sa souveraineté et sa sécurité, protégeant les vies de nos compatriotes dans le Donbass et en Novorossiya, le rôle décisif dans cette juste lutte revient à nos citoyens, à notre unité [nationale], à notre dévouement envers notre pays natal et à notre responsabilité à l'égard de son destin.

Ces qualités se sont manifestées clairement et sans ambiguïté dès le début de l'opération militaire spéciale, lorsqu'elle a été soutenue par la majorité absolue du peuple russe. Malgré toutes les épreuves et l'amertume des pertes, les gens restent fidèles à ce choix et le confirment constamment en s'efforçant de faire le maximum pour le pays et le bien commun.

Les installations de production fonctionnent en trois-huit - autant que le front en a besoin. L'ensemble de l'économie, qui constitue la base industrielle et technologique de notre victoire, a fait preuve de flexibilité et de résilience. Je tiens à remercier les entrepreneurs, les ingénieurs, les ouvriers et les travailleurs ruraux pour leur travail responsable et acharné dans l'intérêt de la Russie.

Des millions de personnes ont été unies par la campagne "Nous sommes ensemble" et le projet du Front populaire panrusse "Tout pour la victoire". En deux ans, les entreprises russes ont envoyé des milliards de roubles à des organisations bénévoles et à des fondations caritatives qui soutiennent nos combattants et leurs familles.

Les gens envoient des lettres et des colis, des vêtements chauds des filets de camouflage au front et transfèrent des fonds provenant de leurs économies parfois très modestes. Je le répète, cette aide est inestimable, c'est la contribution de chacun à la victoire commune. Nos héros sur le front, dans les tranchées, là où c'est le plus difficile, savent que le pays tout entier est avec eux. »

 [Le président remercie d’autres organisations, tout comme les partis présents au parlement…]

Vladimir Poutine : « Nous continuerons à développer les institutions démocratiques et ne permettrons à personne d'interférer dans nos affaires intérieures.

Ce que l'on appelle l'Occident, avec ses traditions coloniales et son habitude de fomenter des conflits nationaux dans le monde entier, ne tente pas uniquement de freiner notre développement. En lieu de place de la Russie, il veut un espace dépendant, en déclin, mourant, où il peut faire tout ce qu'il veut. En fait, ils [les Occidentaux] voudraient faire à la Russie ce qu'ils ont fait dans de nombreuses autres parties du monde, y compris en Ukraine : semer la discorde chez nous, [nous] affaiblir de l'intérieur. Mais ils ont mal calculé - c'est une chose absolument évidente aujourd'hui : ils ont été confrontés à la position ferme et à la détermination de notre Peuple multinational.

Nos soldats et nos officiers - chrétiens et musulmans, bouddhistes et adeptes du judaïsme, représentants de différentes ethnies, cultures et régions - ont prouvé en actes, mieux que mille mots, que la cohésion et l'unité séculaires du Peuple russe constituent une force colossale et conquérante. Tous ensemble, épaule contre épaule, ils se battent pour une seule et même Patrie.

Nous tous, citoyens de Russie, défendrons ensemble notre liberté, le droit à une vie paisible et digne, déterminerons notre propre voie, protégerons le lien entre les générations, ce qui signifie la continuité du développement historique [du pays], et résoudrons les tâches auxquelles le pays est confronté, sur la base de notre vision du monde, de nos traditions et de nos croyances, que nous transmettrons à nos enfants.

Chers amis !

La défense et le renforcement de [notre] souveraineté s'effectuent aujourd'hui dans toutes les directions et surtout, bien sûr, au front où nos combattants se battent avec constance et abnégation.

Je remercie tous ceux qui se battent aujourd'hui pour les intérêts de la Patrie, qui passent par le creuset des épreuves militaires, qui risquent leur vie chaque jour. La Nation entière s'incline devant vos actes héroïques et pleure vos morts, et la Russie se souviendra toujours de ses héros tombés au combat. » (Minute de silence)

Vladimir Poutine : « Nos forces armées ont acquis une formidable expérience du combat. Cela s'applique à la coopération entre tous les types et toutes les branches de troupes, aux tactiques modernes et à l'art opérationnel. Toute une galaxie de commandants talentueux s'est formée et a passé [avec succès] le processus d'endurcissement. [Ceux-ci], prennent soin des individus, accomplissent leurs tâches avec compétence, utilisent de nouveaux équipements et résolvent avec succès les tâches qui leur sont confiées. Et je voudrais dire que cela est vrai à tous les niveaux : de la section et du niveau opérationnel jusqu'aux plus hauts niveaux de commandement.

Nous voyons où et quels problèmes nous avons - bien sûr nous en avons - et nous comprenons, avec eux, ce qu'il faut faire. Ce travail est effectué en permanence tant au front qu'à l'arrière. Il vise à accroître la puissance de frappe de l'armée et de la marine, leur technologie et leur efficacité.

Les capacités de combat des forces armées se sont multipliées. Nos unités sont fermement en possession de l'initiative, progressant avec confiance dans un certain nombre de zones opérationnelles et libérant de plus en plus de territoires.

Nous n'avons pas commencé la guerre dans le Donbass, mais, comme je l'ai dit à maintes reprises, nous ferons tout pour l’achever, pour éradiquer le nazisme, pour résoudre toutes les tâches de l'opération militaire spéciale et pour protéger la souveraineté et la sécurité de nos citoyens.

Les forces nucléaires stratégiques sont en état de préparation totale pour un usage garanti. Ce que nous avions prévu dans le domaine de l'armement, comme je l'ai mentionné dans mon discours de 2018, a été réalisé ou est en cours de finalisation.”

[*voir ci-après la lettre SDBR du 20 mars 2018 pour ce discours]

Vladimir Poutine : “Par exemple, le système de missile hypersonique Kinzhal a non seulement été mis en service, mais il est également utilisé avec une grande efficacité pour atteindre des cibles particulièrement importantes dans le cadre d'une opération militaire spéciale. En outre, le système de frappe hypersonique basé en mer, Zirkon, qui n'a même pas été mentionné dans le discours de 2018, a déjà été utilisé au combat et ce système est déjà en service.

Les missiles intercontinentaux hypersoniques Avangard et les systèmes laser Peresvet sont en service au combat. Les essais du missile de croisière à portée illimitée Burevestnik et du drone sous-marin sans pilote Poseidon sont presque terminés. Ces systèmes ont confirmé leurs caractéristiques élevées, voire uniques. Les premiers missiles balistiques lourds Sarmat produits en série ont également été livrés aux troupes. Nous en ferons bientôt la démonstration dans les zones où ils sont basés en service de combat.

Les travaux sur toute une série d'autres systèmes d'armes prometteurs se poursuivent, et nous en apprendrons bientôt davantage sur les nouvelles réalisations de nos scientifiques et de nos armuriers.

La Russie est prête à dialoguer avec les États-Unis d'Amérique sur les questions de stabilité stratégique. Mais je voudrais insister sur ce point, chers collègues, pour que tout le monde me comprenne bien : dans ce cas, nous avons affaire à un État dont les cercles dirigeants prennent des mesures ouvertement hostiles à notre égard. Et alors ? Vont-ils sérieusement discuter avec nous de questions de stabilité stratégique tout en essayant d'infliger à la Russie, comme ils le disent eux-mêmes, une défaite stratégique sur le champ de bataille ?

Nous pouvons donner un exemple clair de cette hypocrisie. Récemment, de plus en plus d'accusations non fondées ont été lancées, par exemple, [sur le fait] que la Russie aurait l'intention de déployer des armes nucléaires dans l'espace. Ces insinuations - qui ne sont rien d'autre que des insinuations - ne sont qu'un stratagème pour nous entraîner dans des négociations à leurs propres conditions, uniquement favorables qu'aux États-Unis.

Dans le même temps, ils bloquent notre proposition, qui est sur leur bureau depuis plus de 15 ans. Je veux parler du projet de traité sur la prévention du déploiement d'armes dans l'espace, que nous avons préparé en 2008 : il n'y a pas de réaction. On ne sait pas du tout de quoi ils parlent.

Nous avons donc toutes les raisons de penser que les propos des autorités américaines d'aujourd'hui, sur leur prétendu intérêt pour des négociations avec nous sur des questions de stabilité stratégique, sont démagogiques. À la veille des élections présidentielles aux États-Unis, elles veulent simplement montrer, à leurs citoyens et à tous les autres, qu'elles dirigent toujours le monde. Ils disent que sur les questions où il est favorable pour l'Amérique de négocier, nous parlerons aux Russes, et que sur les questions où il n'est pas favorable pour eux, il n'y a rien à discuter - comme ils le disent eux-mêmes, business as usual – et ils chercheront à nous vaincre.

Mais cela ne suffira certainement pas. Notre position est claire : si vous voulez discuter des questions de sécurité et de stabilité qui sont responsables et importantes pour l'ensemble de la planète, il est nécessaire de le faire dans un seul ensemble, en incluant naturellement tous les aspects qui affectent nos intérêts nationaux et ont un impact direct sur la sécurité de notre pays et la sécurité de la Russie.”

Vladimir Poutine : “Nous nous rendons également compte que l'Occident tente de nous entraîner dans une course aux armements, nous épuisant ainsi et répétant le tour [de passe-passe] qu'il a réussi dans les années 1980 avec l'Union soviétique. Permettez-moi de vous rappeler qu'en 1981-1988, les dépenses militaires de l'URSS s'élevaient à 13 % du produit national brut.

Notre tâche consiste donc à développer le complexe industriel de défense de manière à accroître le potentiel scientifique, technologique et industriel du pays. Nous devons répartir les ressources aussi rationnellement que possible et mettre en place une économie efficace des forces armées, afin de tirer le meilleur parti de chaque rouble dépensé pour la défense. Il est important pour nous d'accélérer le rythme de résolution des tâches sociales, démographiques, infrastructurelles et autres, tout en atteignant un niveau qualitativement nouveau d'équipement de l'armée et de la marine.

Cela concerne principalement les forces polyvalentes, les principes de leur organisation, la fourniture de systèmes de frappe sans pilote, de systèmes de défense aérienne et de guerre électronique, de reconnaissance et de communication, de précision et d'autres moyens de défaite.

Il est sérieusement nécessaire de renforcer les groupements [armés] dans la direction stratégique occidentale afin de neutraliser les menaces liées à la prochaine expansion de l'OTAN vers l'est et à l'intégration de la Suède et de la Finlande dans l'alliance.

L'Occident a provoqué des conflits en Ukraine, au Moyen-Orient et dans d'autres régions du monde et continue de mentir. Aujourd'hui, ils affirment sans aucune gêne que la Russie aurait l'intention d'attaquer l'Europe. Il s'agit simplement - nous le comprenons - d'une absurdité. Dans le même temps, ils choisissent eux-mêmes des cibles pour des frappes sur notre territoire, choisissant les moyens les plus efficaces, selon eux, pour nous vaincre. On a parlé de la possibilité d'envoyer des contingents militaires de l'OTAN en Ukraine.

Nous nous souvenons du sort de ceux qui ont un jour envoyé leurs contingents sur le territoire de notre pays. Mais aujourd'hui, les conséquences pour ces éventuels interventionnistes seraient bien plus tragiques. Ils finiront par se rendre compte que nous aussi, nous avons des armes - oui, ils le savent - je viens de le dire, qui peuvent atteindre des cibles sur leur territoire.

Et tout ce qu'ils inventent maintenant, tout ce avec quoi ils font peur au monde entier, ne comprennent-ils pas que tout cela [fait naître la] menace réelle d’un conflit avec l'utilisation d'armes nucléaires, que tout cela signifie la destruction de la civilisation ? Vous savez, ce sont des gens qui ne sont pas passé au travers de dures épreuves - ils ont déjà oublié ce qu'est la guerre. Nous, y compris notre génération actuelle, nous avons traversé de dures épreuves lors de la lutte contre le terrorisme international dans le Caucase et, aujourd'hui, dans le conflit en Ukraine, la même chose se reproduit. Et ils pensent que tout cela n'est, pour eux, [qu’une sorte de] dessin-animé.

En effet, la russophobie, comme les autres idéologies du racisme, de la supériorité nationale et de l'exceptionnalisme, les aveugle et les prive de raison. Les actions des États-Unis d'Amérique et de leurs satellites ont en fait conduit au démantèlement du système de sécurité européen. Cela crée des risques pour tout le monde.

Il est clair qu'il est nécessaire d'œuvrer à la formation, dans un avenir prévisible, d'un nouveau contour de sécurité égal et indivisible en Eurasie. Nous sommes prêts à engager une discussion de fond sur ce sujet avec tous les pays et regroupements intéressés. Dans le même temps, je voudrais souligner une fois de plus - je pense que c'est important pour tout le monde aujourd'hui - qu'aucun ordre mondial durable n'est possible sans une Russie souveraine et forte.

Nous cherchons à unir les efforts de la majorité mondiale pour relever les défis mondiaux, notamment la transformation rapide de l'économie mondiale, du commerce, de la finance et des marchés technologiques, alors que de nombreux anciens monopoles et les stéréotypes qui leur sont associés sont en train de s'effondrer.”

Vladimir Poutine : “Ainsi, en 2028, les pays des BRICS, y compris les pays qui sont récemment devenus membres de cette association, généreront environ 37 % du PIB mondial, tandis que le G7 tombera en dessous de 28 %. Ces chiffres sont très convaincants, car il y a 10 ou 15 ans, la situation était complètement différente. Je l'ai déjà dit publiquement. Ce sont les tendances, vous savez ? Les tendances mondiales, et il n'y a pas moyen d'y échapper, sont objectives.

En 1992, la part du G7 dans le PIB mondial en termes de parité de pouvoir d'achat était de 45,7 %, tandis que les BRICS, même sans tenir compte de son élargissement - en 1992, il n'y avait pas d'organisation de ce type, mais les pays BRICS - ne représentaient que 16,5 %, et en 2022, le G7 représente 30,3 % et les BRICS 31,5 %. D'ici 2028, la situation changera encore plus en faveur des BRICS : ils seront à de 36,6 %, alors que pour le G7, les prévisions pour 2028 sont de 27,8 %. Il s'agit d'une réalité objective à laquelle on ne peut échapper et qui perdurera, quoi qu'il arrive, y compris en Ukraine.

En collaboration avec des pays amis, nous continuerons à créer des corridors logistiques efficaces et sûrs, et à construire une nouvelle architecture financière mondiale, libre de toute ingérence politique sur une base technologique avancée. D'autant plus que l'Occident lui-même est en train de discréditer ses propres monnaies et son système bancaire, sciant l'arbre sur lequel il est assis depuis des décennies.

Nous coopérons avec nos partenaires sur la base des principes d'égalité et de respect des intérêts de chacun, ce qui explique pourquoi de plus en plus de nouveaux États se joignent activement aux travaux de l'Union économique eurasienne, de l'Organisation de coopération de Shangaï, des BRICS et d'autres associations avec la participation de la Russie. Nous voyons d’importantes perspectives [s’ouvrirent] pour la construction d'un grand partenariat eurasien en conjonction avec les processus d'intégration au sein de l'Union économique eurasienne et l'initiative "Une ceinture, une route" de la République populaire de Chine.

Le dialogue Russie-ASEAN évolue positivement. Les sommets Russie-Afrique ont constitué une véritable percée. Le continent africain affirme de plus en plus clairement ses intérêts et son droit à une véritable souveraineté. Nous soutenons sincèrement toutes ces aspirations.

La Russie entretient depuis longtemps de bonnes relations avec les États arabes. Ils représentent une civilisation distincte, de l'Afrique du Nord au Moyen-Orient, qui se développe aujourd'hui de manière dynamique. Nous pensons qu'il est important de rechercher de nouveaux points de contact avec nos amis arabes et d'approfondir l'ensemble des liens de partenariat. Nous ferons de même en Amérique latine.

Et, séparément, je demande au gouvernement d'augmenter le financement des programmes internationaux visant à promouvoir la langue russe et notre culture multinationale, tout d'abord, bien sûr, dans la CEI et dans le monde entier.

D'ailleurs, chers amis et collègues, je suis sûr que de nombreuses personnes ont visité l'exposition sur la Russie. Les gens viennent ici pour se rendre compte par eux-mêmes et pour montrer à leurs enfants à quel point notre Patrie est riche et vaste. L'Année de la famille a été lancée à l'occasion de l'exposition russe. Les valeurs d'amour, de soutien mutuel et de confiance se transmettent dans la famille de génération en génération, tout comme la culture, les traditions, l'histoire et la morale.

Et bien sûr, l'objectif principal de la famille est la naissance d'enfants, la continuation de la race humaine, l'éducation des enfants, et donc la continuation de notre Peuple multinational. Nous voyons ce qui se passe dans certains pays, où l'on détruit délibérément les normes morales et les institutions familiales, poussant des peuples entiers vers l'extinction et la dégénérescence, mais nous choisissons la vie. La Russie a été et reste un bastion des valeurs traditionnelles sur lesquelles se construit la civilisation humaine. Notre choix est partagé par la majorité des gens dans le monde, y compris des millions de citoyens des pays occidentaux.

Oui, aujourd'hui, la Russie et de nombreux autres pays sont confrontés à une baisse de leur taux de natalité. Selon les démographes, ce défi est lié aux changements sociaux, économiques, technologiques, culturels et de valeurs à l'échelle mondiale. Les jeunes font des études, construisent leur carrière, organisent leur vie et remettent à plus tard le moment d'avoir des enfants.

Il est évident que non seulement l'économie et la qualité de la sphère sociale influencent la démographie et le taux de natalité, mais aussi, dans une large mesure, les lignes directrices de la vie qui sont établies dans la famille, façonnées par la culture, l'éducation et la lumière. Le travail de tous les échelons de gouvernement, de la société civile et des pasteurs de nos religions traditionnelles est important à cet égard.

Soutenir les familles avec enfants est notre choix moral fondamental. Une famille nombreuse avec beaucoup d'enfants doit devenir la norme, la philosophie de la vie en société et le point de référence de toute la stratégie de l'État. (Applaudissements) Je me joins à vos applaudissements … »

[La suite du discours traite principalement des actions à venir dans les domaines économiques, sociaux, scientifiques et de l’enseignement et constitue le programme électoral de Vladimir Poutine pour les prochaines élections présidentielles. Le point suivant sur la constitution d’une nouvelle élite doit toutefois retenir l’attention].

Vladimir Poutine :… « Chers citoyens de Russie ! Chers amis ! Je voudrais le dire séparément. Je rencontre constamment des participants à l'opération militaire spéciale. Il s'agit à la fois de militaires réguliers et de volontaires, de personnes exerçant des professions civiles qui ont été mobilisées pour le service militaire. Tous se sont levé les armes à la main pour défendre leur Patrie.

Vous savez, je regarde ces gens courageux, parfois très jeunes et, sans aucune exagération, je peux dire que mon cœur se remplit de fierté pour notre peuple, pour notre nation et pour ces gens en particulier. Ils ne reculeront certainement pas, ils n'échoueront pas et ils ne trahiront pas.

Ils devraient occuper des postes de premier plan dans le système d'éducation et de formation des jeunes, dans les associations publiques, dans les entreprises publiques, dans les affaires, dans l'administration nationale et municipale, à la tête des régions, des entreprises et, en fin de compte, des plus grands projets nationaux. Ces véritables héros et patriotes sont parfois assez modestes et réservés, ils ne se vantent pas de leurs succès, ne prononcent pas de slogans et de paroles tapageuses. Mais à des moments cruciaux de l'histoire, ce sont ces personnes qui viennent sur le devant de la scène et assument des responsabilités. Ce sont ces personnes, qui pensent au pays et vivent son destin, qui peuvent se voir confier la Russie de demain.

Vous savez que le mot "élite" s'est discrédité à bien des égards. Ceux qui, sans aucun mérite devant la société, se considèrent comme une sorte de caste avec des droits et des privilèges spéciaux, en particulier ceux qui, au cours des années précédentes, se sont remplis les poches aux dépens de toutes sortes de processus dans l'économie des années 90, ceux-là ne sont certainement pas l'élite. Je le répète, la véritable élite, ce sont tous ceux qui servent la Russie, les travailleurs acharnés et les guerriers, les personnes fiables, dignes de confiance, qui ont fait leurs preuves, qui ont prouvé leur loyauté envers la Russie.

À ce propos, je voudrais vous faire part d'une nouvelle décision qui me semble importante : à partir de demain, le 1er mars 2024, les vétérans d'une opération militaire spéciale, ainsi que les soldats et les officiers qui combattent actuellement dans des unités d'active, pourront demander à participer à la première filière de formation d'un programme de personnel spécial. Appelons-le "Temps des héros". Cette idée, je ne vous le cache pas, m'est venue lors d'une rencontre avec des étudiants - participants à l'opération militaire spéciale de Saint-Pétersbourg. Ce programme sera basé sur les mêmes normes que nos meilleurs projets : l'école supérieure d'administration publique, appelée "école des gouverneurs", et le concours "Les dirigeant de la Russie ". Leurs diplômés accèdent à des postes élevés dans de nombreux domaines, devenant même ministres et chefs de région.

Les militaires et les vétérans ayant fait des études supérieures et possédant une expérience en matière de gestion, quels que soient leur grade et leur position, pourront participer à ce programme. L'essentiel est qu'il s'agisse de personnes ayant fait preuve de leurs meilleures qualités et ayant montré qu'elles étaient capables de diriger leurs camarades.

La formation débutera dans les prochains mois. Les premiers participants au programme seront encadrés par les chefs du gouvernement, de l'administration présidentielle, des ministères fédéraux, des agences, des chefs de régions et de nos plus grandes entreprises. À l'avenir, nous développerons de tels programmes pour le personnel et lancerons des cours de gestion à l'Académie russe de l'économie nationale et de l'administration publique, et je pense qu'il est nécessaire d'élever le statut de l'Académie par la loi.

En outre, les vétérans et les participants à l'opération militaire spéciale bénéficieront d'un accès prioritaire à l'enseignement supérieur, une spécialité civile dans nos grandes universités[1].

Je demande au ministère de la défense et aux commandants des formations de combat de soutenir le désir des combattants et des officiers de s'essayer au nouveau programme de personnel, de leur donner la possibilité de poser leur candidature et d'assister à des sessions de formation en personne. Je note que les participants à l'opération militaire spéciale - soldats, sergents et officiers de combat - forment déjà l'épine dorsale de nos forces armées. Et, bien sûr, comme je l'ai déjà dit, ceux qui ont l'intention de poursuivre leur carrière militaire bénéficieront d'une promotion prioritaire lorsqu'ils postuleront pour les cours de commandement, les écoles et les académies militaires […].

Vladimir Poutine : […] Je vous remercie tous, chers collègues, je remercie tous les citoyens russes pour leur solidarité et leur fiabilité. Nous formons une grande famille, nous sommes ensemble, et c'est pourquoi nous ferons tout comme nous l'avons prévu et voulu, comme nous en rêvons. Je crois en nos victoires, en nos succès, en l'avenir de la Russie ! Nous vous remercions. »

 (L'hymne national de la Fédération de Russie retentit.)

[1] Cette initiative s’inspire des mesures prises au terme de la Grande Guerre patriotique visant à faciliter l’entrée des jeunes démobilisés dans l’enseignement supérieur.

*Ci-après la lettre SDBR du 20 mars 2018: pages 1 et 4